Ed. Pocket

148 pages

Rapidement et sans trop en dire:

Nous sommes à Kaboul, ou plutôt ce qu'il en reste. La guerre, la peur, les talibans et les exécutions sont partout. Dans ce contexte, Les Hirondelles de Kaboul nous narre les destins croisées, les vies gâchées, sacrifiées de quelques personnages qui ont tant changé à cause de la guerre. Nous rencontrons ainsi Atiq, le geôlier, qui cotoie les prisonniers avant leur exécution. Sa femme, Mussarat est malade et passe ses journées couchée et ses nuits à gémir de douleur. Atiq ne supporte plus cette vie mais il a une dette envers son épouse. Il y a aussi Mohsen et sa femme, la très belle Zunaira. Ils sont tous deux cultivés et intelligents et s'aiment mais la guerre est éprouvante. Mohsen, qui a assisté à une exécution, avoue à sa femme avoir lapidé la condamnée. Ce geste ne lui ressemble pas et Zunaira peut difficilement le comprendre.

Face à ces horreurs, au danger et à l'abattement, chacun se demande si l'espoir a encore sa place.

Impressions:

Les Hirondelles de Kaboul est mon premier roman de Yasmina Khadra. C'est un roman court, dense et particulièrement éprouvant.

L'écriture est sublime, surtout les premières pages que j'ai relues plusieurs fois avant de poursuivre

Les histoires racontées sont difficiles et la folie n'est jamais vraiment loin et comment ne pas le comprendre dans de telles conditions...

Le personnage de Zunaira m'a fascinée: son courage, son intelligence, sa beauté sont sublimes et sa douleur de devoir porter le tchadri si violente!!! Peut-être qu'être une lectrice rend-il ce personnage encore plus touchant et impressionnant.

Enfin, en refermant le livre, et encore maintenant, difficile de traduire les émotions et de dire les impressions: la densité, la violence, les tragédies qui se jouent coupent le souffle - c'est dur mais c'est beau. On y pense encore longtemps après et bien qu'informée sur les horreurs qui se déroulent là-bas, ce roman crie haut et fort le drame d'une ville et d'un pays et de ses habitants!!

Quelques citations:

- sur l'absence de liberté: " Il y aura constamment un épouvantail malodorant, armé jusqu'aux dents, pour nous rappeler à l'ordre et nous interdire de parler à l'air libre. Plutôt que subir un tel affront, je préfère m'emmurer chez moi. Ici, au moins, lorsque le miroir me renvoie mon reflet, je ne m'abrite pas derrière mes bras." (p.61)

- sur la liberté féminine et le tchadri: "Je refuse de porter le tchadri. De tous les bâts, il est le plus avilissant. [...]Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain ni une bête, juste un affront, une opprobre que l'on doit cacher telle une infirmité." (p.62)

- le regard de l'époux sur le voile qui emprisonne sa femme et l'impact que celui-ci joue sur leur relation: " Pour Mohsen, c'est une véritable barrière qui se dresse qui menace de les écarteler. En s'interdisant à son regard, elle [Zunaira] se soustrait à son monde, le renie de fond en comble." (p.97)

- Les femmes voilées ( extrait qui donne son titre au livre): "Hormis celui de son épouse, Atiq n'a pas vu un seul visage de femme depuis plusieurs années. Il a même appris à vivre sans. Pour lui, à part Mussarat, il n'y a que des fantômes, sans voix, sans attraits, qui traversent les rues sans effleurer les esprits; des nuées d'hirondelles en décrépitude, bleues ou jaunâtres, souvent décolorées, en retard de plusieurs saisons, et qui rendent un son morne lorsqu'elles passent à proximité des hommes." (p.111)

- le désespoir et les conséquences de la guerre et de l'oppression: "Nous avons tous été tués. Il y a si longtemps que nous l'avons oublié." (p.125)

Dernière remarque: Un deuxième titre de Khadra m'attend dans ma PAL, le 2ème titre de la trilogie, L'attentat, malgré mon envie de le lire, je pense attendre quelque peu avant de le faire...enfin je crois!!

Les Hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra

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