Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
C... comme chez L...
C... comme chez L...
Archives
28 décembre 2009

Faire l'amour de Jean-Philippe Toussaint

Faire_l_amourEd. de Minuit

171 pages

Rapidement et sans trop en dire:

   C'est l'histoire d'une rupture entre le narrateur et Marie. Ils se trouvent tous deux à Tokyo, Marie y est pour affaire et son compagnon s'est finalement décidé à la suivre bien que leur relation semble immanquablement toucher à sa fin. Dès le début du récit, le couple fait l'amour dans sa chambre d'hôtel, mais cette union charnelle débute dans une situation peu apaisée. Les deux personnages vont ensuite évoluer dans Tokyo, dans l'hôtel, Marie va devoir répondre à ses contraintes professionnelle et leur relation reste tendue,ambiguë.

Impressions:

   J'ai souhaité lire ce titre après avoir découvert, il y a quelques semaines, La Vérité sur Marie et appris que ce roman s'insérait dans une sorte de cycle autour du personnage éponyme. Faire l'amour est le 1er récit de ce cycle, vient ensuite Fuir dont je ferai la lecture très prochainement

   La plume de Toussaint m'a encore plu ici. Elle est dense mais simple, toujours directe mais aussi très poétique, parfois dure et crue.

   Le jeu des symboles est toujours très développé et tourne ici autour de deux éléments majeurs: l'eau et la bouteille d'acide du narrateur.

   L'eau, tout d'abord, est présente dans l'ensemble du roman sous des formes diverses qui donnent au récit une ambiance tout en grisaille, tristesse mais douceur également. C'est l'eau de la pluie sur Tokyo, l'eau de la piscine de l'hôtel, l'eau des larmes de Marie....l'eau qui coule comme le temps qui passe et cet amour qui semble se diluer, du moins la relation qui en résulte car Marie et le narrateur s'aiment toujours, il l'aime peut-être même trop, reconnaît-il!

   La bouteille d'acide, ensuite, celle que le narrateur porte sur lui constamment sans jamais savoir pourquoi véritablement mais éprouvant un besoin constant de la sentir dans sa poche. Plusieurs fois il s'interroge quant à l'utilisation qu'il pourrait en faire et les situations varient. Tantôt, ce serait pour la jeter sur Marie parce que leur relation n'en peut plus, tantôt pour se la lancer à son propre visage qu'il n'identifie plus vraiment comme le sien, la faute au temps qui passe. Une autre fois, c'est sur un tiers qu'il songe à le faire, à la fin du récit, au cours d'une situation un peu délicate. Chaque fois, ces pensées sont comme de petits interludes oniriques qui mettraient en scène la fin de la relation entre Marie et, finalement, la bouteille sera déversée sur une belle fleur, unique au milieu de rien. Là aussi le symbole est grand: c'est la fin d'une belle "histoire", victime de quelque chose qui lui est extérieure. Pourtant, en fermant le livre, le lecteur ne peut savoir si le narrateur et Marie on vraiment concluent leur séparation, seule la connaissance de la suite du cycle, et notamment de la Vérité sur Marie, m'a permis d'arrêter mes interrogations.

   Autre aspect prédominant dans ce texte: la tension permanente qui existe dans le récit, entre les personnages et eux-mêmes. Très rapidement, le narrateur énonce la rupture avec Marie comme certaine, évidente mais à aucun moment elle n'est réellement prononcée ici: les amants se retrouvent plusieurs fois pour des instants apaisés, même après la séparation et la fin du roman est caractéristique de cela.

    L'écriture, bien que directe, franche, sans détour, crue, je l'ai dit, est également pleine d'introspection car c'est aussi de cela dont il question ici, au moment de la rupture: le retour sur soi. Cette introspection intime est souvent charnelle, sensuelle.

  Enfin, le cadre urbain de Tokyo est absolument fascinant et participe à tout ce que j'ai signalé précédemment, à savoir à la tension palpable, à l'atmosphère grise et majestueuse, mais aussi à l'aspect poétique du récit. Et puis, ce séisme qui a lieu en plein coeur du récit fait, bien entendu, parfaitement écho à un autre séisme, celui que les personnages sont en train de vivre au sein de leur relation et dans leur propre "moi".

   Voici donc un récit fort et beau. J'ai aimé poursuivre la découverte de ce cycle que je devrais terminer rapidement avec Fuir qui, à ma surprise et bien qu'écrit après Faire l'amour, raconte des événements antérieurs à ce 1er volume...j'aurais donc tout fait dans le désordre, mais, pour l'instant, mon plaisir n'est pas atteint!!

Publicité
Commentaires
P
J'ai rencontré l'auteur, humble et discret. Prochaine lecture...<br /> Belle journée
L
Un billet qui montre à quel point tu as aimé la plume de cet auteur ! (Toujours pas découvert pour ma part ...)
S
Je tenterai certainement cette découverte !
C... comme chez L...
Publicité
Derniers commentaires
Publicité