Le Joueur d'échec de Stefan Zweig
96 Pages
Voici venu le temps des rires et des chants de la quatrième session du challenge de Marie L. ...
Rapidement et sans trop en dire...
Sur un paquebot quittant New-York pour Buenos Aires, le narrateur fait la connaissance de deux personnages très différents mais unis par le jeu d'échec. Le premier, qu'il ne connait pas et qui lui est présenté par un ami, est le champion du monde des échecs, Czentovic. Ce dernier est connu tel un grand prodige mais aussi pour être un véritable rustre, désagréable et ignard au possible. Le second, que le lecteur découvre plus tard, est un inconnu qui n'a pas joué aux échecs depuis plus de 20 ans mais qui semble, pourtant maîtriser parfaitement les stratégies et ressorts de ce jeu.
Intrigué par le personnage de Czentovic, le narrateur souhaite entrer en relation avec lui pour mieux comprendre son caractère. Il propose alors à l'un de ses compagnons une partie d'échec, partie à laquelle va rapidement s'intéresser le champion du monde. Alors qu'un petit groupe d'amateurs tentent vainement de s'opposer au célèbre prodige, un inconnu, le Docteur B. - notre deuxième personnage - entre en scène et conseille les amateurs. Son savoir et sa technique les intriguent tous et le narrateur parvient à engager la conversation sur le pont. Le Docteur B. lui fait alors le récit des sombres circonstances dans lesquelles il a acquit ces connaissances...
Impressions...
Le Joueur d'échec est un récit bref et dense. Différent de ce que j'ai déjà pu lire chez Zweig.
La construction de la nouvelle est plutôt complexe, ce qui la rend d'autant plus intéressante. Le système des récits enchassés est richement exploité ici et les deux narrations se répondent, la deuxième éclaire la 1ère, la première devient le symbole de la suivante.
C'est une histoire de la folie que nous propose Zweig ici. La folie due à l'isolement, la folie de l'ouverture et de l'enfermement, la folie du jeu et puis la folie de l'humanité avec en parallèle quasi permanent l'horreur d'une époque, d'un régime politique, celui du IIIème Reich. La folie est alors une conséquence, une réussite du nazisme.
Par ailleurs, la façon dont cette folie est ressucitée est impressionnante, foudroyante et j'ai aimé tout ce passage ou les deux joueurs se font face à face: l'incroyable intelligence et la "rechute" de l'un face au don de l'autre, un simplet.
C'est d'ailleurs ce passage que j'ai préféré dans l'oeuvre, cet affrontement, et puis l'ensemble du deuxième récit -celui du Dr B. - où plane le spectre du nazisme et de la folie. Cette partie est en effet plus haletante, plus prenante, plus riche de sens. La première partie et le 1er récit m'ont moins convaincue mais ce passage là, cette histoire est néanmoins nécessaire pour élever la seconde.
Un récit très riche donc, très différent de ce que j'attendais mais qui m'a emporté, surtout en deuxième partie.